Le Pingouin N°12 – revue de presse du CAC – avril 2017
Malgré les conditions très difficiles, le Pingouin avance sur la banquise, engrange de la nourriture dans son bec généreux pour nourrir ses petits. Il vit et grandit grâce à la solidarité du groupe. Cette lettre mensuelle sous forme de revue de presse apporte aux membres et sympathisants du CAC, quelques informations sur la vie du réseau, l’action citoyenne et sur des thèmes de fond ou d’actualité. Un lien permet d’accéder à la source de l’information et la consulter dans son intégralité pour chaque sujet. |
ÉditorialLa situation évolue, invitation à la prochaine réunion plénière du CAC fin juinLe premier tour de l’élection présidentielle nous fait rentrer dans une période de grande incertitude politique. L’oligarchie a réussi, grâce à sa maîtrise des moyens de communication, à se maintenir en présentant comme nouveau ce qui n’est que la continuité de la politique néolibérale que nous connaissons depuis au moins 10 ans. Avec l’hyper-présidentialisation annoncée, on s’éloigne chaque jour de la démocratie. Un nouveau plan de rigueur va prolonger le précédent, déjà calamiteux. Sur le plan idéologique, on constate la volonté d’intégrer les associations à cette politique. On assiste à la promotion d’un modèle qui insiste sur « l’innovation, l’esprit d’entreprise, le social business et l’entreprenariat social », en se libérant « des carcans et des blocages » c’est-à-dire à dire en fait de l’État de droit. Cela signifie que la destruction du modèle social français va s’intensifier, alors que celle-ci constitue le terreau sur lequel prospère l’extrême droite, qui finira par l’emporter si cet aveuglement se poursuit.Face à cette politique mortifère, la mobilisation de la société civile et des associations citoyennes est essentielle. Nos associations ont une grande responsabilité, car elles disposent d’une autonomie et d’une grande souplesse d’initiatives. Elles ont un rôle à jouer dans la construction d’alternatives répondant aux enjeux et à la reconstruction du politique en vue d’un changement systémique, qui a déjà commencé, mais elles doivent s’appuyer sur les pratiques réelles et les attentes de la société civile. Leur action d’éducation populaire contribue à la révolution des consciences, en permettant à chacun d’élargir sa compréhension du monde et de la portée des actions qu’elles mènent.Pour réfléchir à ces questions et positionner l’action de chacune de nos associations et du Collectif des associations citoyennes, nous vous proposons d’organiser une réunion plénière du CAC (lieu à préciser dans les jours qui viennent), probablement le samedi 24 juin prochain, qui sera une introduction avant notre Université d’été à Lyon.
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AGIR |
- Coupures d’eau : soutenir la Fondation France Libertés et la Coordination eau Ile-de-France, poursuivies en justice
La Fondation France Libertés et la Coordination eau Ile-de-France sont poursuivies en justice par Veolia pour diffamation, après avoir dénoncé les coupures d’eau abusives. Elles ont reçu de nombreux soutiens, venus d’associations et de mouvements citoyens, tel qu’Emmaüs international, Sherpa, Alternatiba, ANV-COP21, la Fédération Léo Lagrange, le Crid.… Mais aussi des médias : dès le début de la campagne, l’Observatoires des multinationales, Bastamag, Reporterre et France info ont publié des articles et des reportages pour informer le public des agissements de la multinationale. Ils ont, depuis, été rejoint par l’AFP, la Gazette des communes, ou encore Libération. Une poursuite-bâillon que nous avons choisi de dénoncer haut et fort ! Elles ont lancé une campagne de financement participatif pour couvrir leurs frais de justice, et ont atteint 90% de leur objectif.
- L’association GENEPI a réussi à faire plier l’administration pénitentiaire
En fin d’année 2016, le CAC avait mis en contact l’association GENEPI, une association étudiante qui est présente auprès des personnes incarcérées, et VoxPublic, une association qui a pour but de soutenir et d’accompagner les initiatives citoyennes lorsque celles-ci visent à influencer les politiques publiques pour réduire les injustices sociales, les discriminations et les pratiques de corruption. En 2016, le GENEPI avait réalisé une campagne de communication autour du slogan « La prison nuit gravement à la société » qui avait déplu à la direction de l’administration pénitentiaire. En mars 2017, cette dernière a notifié à l’association que sa subvention de l’année sera fortement abaissée au motif qu’ « on ne mord pas la main qui vous nourrit ». Le GENEPI a bénéficié de l’aide de VoxPublic, qui l’a accompagné dans sa stratégie « visant à instaurer un rapport de force plus équilibré et obtenir du ministère qu’il revienne sur sa décision ». Le 20 avril, dans un article paru sur Le Monde, le quotidien nous apprend que le ministère a annulé la décision de réduction de la subvention. Une belle victoire pour le GENEPI et les libertés associatives. Vous pouvez en lire davantage sur le sujet sur le site de VoxPublic.
- Non à la méga mine d’or industrielle en Guyane
En toute discrétion, l’État français encourage des multinationales étrangères à lancer de gigantesques exploitations minières en plein cœur de la forêt guyanaise. Parmi eux, le projet Montagne d’Or porté par le consortium russo-canadien Nordgold/Columbus Gold pourrait démarrer prochainement. Il s’agirait de la plus grande mine d’or jamais exploitée sur le territoire français. Ingénieurs Sans Frontière SystExt s’associe aujourd’hui au collectif guyanais « Or de Question », composé de 14 organisations, ainsi qu’aux associations France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme et les Amis de la Terre, pour dénoncer ce projet, et toute activité de méga-mine industrielle aurifère en Guyane, autour d’un communiqué de presse commun, disponible en cliquant ici. Vous pouvez également signer la pétition « Non à la mine d’or industrielle en forêt guyanaise », lancée par Sauvons la forêt.
COMPRENDRE |
- Le rapport d’ATTAC « Rendez l’argent » est disponible
Dans ce rapport, ATTAC montre comment il est possible de récupérer plus de 200 milliards d’euros par an, par des mesures balisées et crédibles, qui pourraient être mises en œuvre par un gouvernement volontariste et poussé par les citoyen.ne.s, associations, mouvements et syndicats mobilisé.e.s en ce sens. L’argent est là, accumulé, dissimulé, évadé par les plus riches et les multinationales. Contrairement au discours dominant, il n’y a pas eu de « dérapage » des dépenses publiques, qui sont restées stables depuis 25 ans, autour de 55 % du PIB. Si les déficits et la dette ont flambé, c’est que les recettes publiques ont été progressivement érodées par les cadeaux fiscaux, l’évasion et la concurrence fiscale. L’impôt, qui devrait être vu comme une « contribution citoyenne », est discrédité par la fraude et l’évasion auxquelles se livrent les privilégiés. Rien n’oblige à détruire l’emploi et les droits sociaux, à appauvrir les services publics ou à bloquer les investissements dont nous avons désespérément besoin pour engager la transition. L’injustice fiscale sape les fondements du contrat social. Vous pouvez consulter le rapport en cliquant sur ce lien.
- 1 200 morts par an liés aux accidents du travail : Solidaires demande un débat
Dans un article de février 2017, l’Union Syndicale G10 Solidaires attire l’attention sur la défaillance de la prévention des risques professionnels, soulignant que les accidents du travail, de trajet et les maladies professionnelles occasionnent plus de 1 200 morts par an, soit plus de 20 000 depuis l’an 2000. Chaque année depuis 2000, le nombre de décès de travailleuses et de travailleurs dus à des accidents du travail stagne à un niveau important d’environ 500 décès. Avec 3 000 accidents, la France est le premier pays européen en ce qui concerne la fréquence des accidents du travail ayant entraîné un arrêt de plus de quatre jours sur 100 000 salarié-e-s du fait de la défaillance dans la prévention des risques professionnels par les employeurs. L’organisation appelle urgemment à un débat sur les conditions de travail, soulignant que les enquêtes ne sont pas suffisantes. Voir l’article complet dans le bulletin « Et Voilà » n° 50 de Février 2017.
CONSTRUIRE |
- Un beau témoignage des jeunes d’Aubervilliers sur le rôle des associations dans la ville
Le 14 février dernier, avait lieu au conseil économique, social et environnemental (CESE), une cérémonie pour le centenaire de la naissance de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. À cette occasion, les élèves du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers se sont exprimés avec beaucoup de force sur le travail des nombreuses associations qui permettent de découvrir les cultures des autres, qui font un travail de solidarité au quotidien, d’éducation populaire, qui organisent des loisirs pour ceux qui, sans elles, ne partiraient pas en vacances. Il est très intéressant d’écouter ce témoignage des jeunes eux-mêmes sur la solidarité, la diversité et le rôle des associations dans la ville. Pour en savoir plus, consultez le site des élèves du lycée.
- Des perturbateurs endocriniens interdits depuis 30 ans retrouvés dans les cheveux d’enfants
Le magazine 60 millions de consommateurs alerte les autorités et consommateurs sur la présence de dizaines de perturbateurs endocriniens dans les cheveux d’enfants âgés de 10 à 15 ans. L’association a fait analyser par un laboratoire indépendant une mèche de cheveux d’un panel de 43 enfants et adolescents de 10 à 15 ans. Des polluants ont été détectés dans les cheveux de tous les jeunes participants : 23 à 54 molécules ont été retrouvées selon les enfants (34 en moyenne). Des résultats qui « suggèrent fortement » que les petits Français seraient « tous contaminés ». Les perturbateurs endocriniens sont des substances notamment présentes dans de nombreux produits du quotidien (cosmétiques, jouets, peintures, contenants alimentaires…), qui perturbent le système hormonal et peuvent générer maladies et anomalies. A noter que le bisphénol A n’a été retrouvé que dans 20% des échantillons, preuve de « l’efficacité » de son interdiction en France depuis 2015. La suite de l’article est disponible sur le site internet de Sciences et Avenir.
AGENDA, LIVRES ET DOCUMENTS |
- Se loger en Île-de-France : un parcours du combattant conférence débat d’APICED
Régulièrement, APICED organise des conférences/projections-débats sur des thématiques choisies par les travailleurs et travailleuses migrants suivis au sein de l’association, auxquels elles sont prioritairement destinées. Cet important travail d’éducation populaire mobilise des intervenants de qualité. Ces conférences débats sont ouvertes à toutes les personnes intéressées par le sujet traité. La prochaine a lieu le samedi 29 avril 2017, de 14h30 à 18h, au 47 rue de la Roquette à Paris (métro Bastille ou Voltaire), sur le thème : « Se loger en Île-de-France : un parcours du combattant ! Pourquoi, sur quels leviers s’appuyer quand on a des revenus modestes ? », avec l’intervention de Fadila DERRAZ, chargée de mission à la fondation Abbé Pierre. L’entrée est libre, vous pouvez vous y inscrire en appelant l’association au 01 43 38 65 90. Vous retrouverez le flyer de l’évènement sur le site internet d’APICED.
Nous avons déjà eu l’occasion de présenter le projet Europa City à Gonesse (voir le Pingouin N°3, février 2016) « l’un des plus grands centres commerciaux au monde : 4 milliards d’euros de travaux au départ, qui constitue le centre d’un « nouveau quartier d’affaire international » de 1,8 million de m2 (la moitié de la Défense) qui devrait générer 50 000 emplois à l’horizon 2030 ». Le collectif, qui s’est mis en place depuis 2011, organise avec les AMAP Île-de-France une nouvelle manifestation le dimanche 21 mai, de 10 heures à 18 heures, sur le thème « marchons et plantons contre la démesure ». Les organisateurs cherchent des volontaires pour l’organisation, pour cela vous pouvez laisser vos coordonnées en cliquant ici.
Ce documentaire, sorti en salle le 12 avril dernier, met en avant des étudiants de Saint-Denis qui participent au concours Eloquentia du meilleur orateur. Joutes qui leur permettent de combattre la fatalité et les discriminations. Un documentaire passionnant et plein d’émotions dont vous pouvez trouver toutes les informations sur le site internet dédié et qui encore projeté dans les salles de cinéma en France.
- L’Union Peuple et Culture annonce ses formations 2017-2018 du secteur international
Peuple et Culture, réseau d’associations d’éducations populaires, vient d’annoncer ses formations 2017-2018 avec l’Allemagne, le Maroc et les Balkans. Plusieurs formations sont proposées : animation interculturelle, animation linguistique, à l’éducation artistique et culturelle ou encore sur la place des jeunes dans l’espace public. Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le site de Peuple et Culture en cliquant ici.
ANNEXEDOSSIER SPÉCIAL « ACTIONS PORTEUSES D’ALTERNATIVES » |
Pour faire face aux incertitudes et périls évoqués dans notre édito, il nous a semblé utile de préparer une petite sélection subjective d’articles présentant synthétiquement le formidable travail d’associations de terrain. Rien de tel, en effet, pour se mettre du baume au coeur, que de se plonger dans la découverte d’actions associatives qui, fort heureusement, dessinent les contours d’une société alternative à celle que l’on nous promet déjà.
Voici donc, pour vous, un florilège de projets qui redonnent espoirs pour construire demain une société solidaire, soutenable et participative :
- A Marseille, Schebba continue à faire le lien entre les familles et l’école
- Le pôle d’Initiatives Locales et d’Economie Solidaire de Pont Audemer (PILES 27)
- A Alzen, l’alliance entre ariégeois d’origine et néo-ruraux génère depuis 30 ans un dynamisme hors du commun
- Stop Précarité, un réseau de soutien aux luttes et de formation pour les précaires
- Bron : 10 médiateurs de la Régie de quartier permettent aux chômeurs d’utiliser les « machines qui parlent »
- Belfort : Une pièce de théâtre montée avec les habitants rend hommage aux immigrés qui ont construit le quartier
- Arbres et paysages d’Autan promeut le rôle de l’arbre dans la restauration du paysage
- L’Université populaire de Parents de Pau d’Ousse