Page ouverte à Nice (avril 2012)
L’association PAGE OUVERTE a été fondée au printemps 2006, dans le département des Alpes Maritimes, à l’initiative de Laurence Bart, médiatrice culturelle et alors cadre de bibliothèque. Elle a pour objectif de lutter contre l’illettrisme et l’échec scolaire auprès des publics tsiganes français nomades, en favorisant les échanges familiaux autour des thèmes partagés.
Elle est agréée Jeunesse et Education Populaire.
Elle regroupe 30 adhérents dont 10 bénévoles, professionnels de l’animation, de l’éducation, de la culture et du social, retraités, en activité ou étudiants.
Elle intervenait sur l’aire d’accueil d’Antibes et surtout sur l’aire d’accueil de Nice, toutes deux confiées par les municipalités à la même société de gestion.
Le public
L’aire d’accueil des Gens du voyage de Nice est située à la sortie de Nice entre une gravière et une cimenterie, l’arrière d’un terrain de rugby et la voie de desserte au large de l’autoroute A8.
Suivant les moments de l’année, elle accueille entre 400 à 600 personnes.
Les gens du voyage présents sur l’aire sont majoritairement illettrés ; les jeunes sont très peu scolarisés; certaines familles sont dans une attitude de repli et en situation de désinsertion.
Il n’y a aucun service proche (écoles et arrêt de bus éloignés…pas de car scolaire pour les enfants de l’aire, malgré les demandes répétées).
L’exploitation de l’aire est confiée à une société privée, SARL « Gens du voyage » (GDV) qui dispose d’un bâtiment administratif et de logement sur deux étages. Une salle d’activités à l’intérieur du bâtiment est non utilisée.
La société privée refuse d’ouvrir la salle d’activités aux partenariats.
Ainsi, L’Education Nationale a détaché en début d’année scolaire 2009/2010, un personnel enseignant une demi-journée par semaine dans le but d’encourager la scolarisation, lequel a du intervenir dehors, à côté d’une salle, meublée comme une classe, neuve, municipale et vide…Devant la situation, l’inspecteur a retiré son personnel à Noël – sans autre forme de procès !
Les activités
L’association fait interface entre l’Education nationale (en particulier le CNED dont elle reconnue association-relai auprès des collégiens inscrits) et les parents pour aider à la scolarisation des enfants. Elle intervient donc en dehors des heures de classe, noue des liens avec les familles et accompagne les jeunes et certains adultes dans les apprentissages fondamentaux, par la médiation du livre.
Elle constitue un fonds bibliographique tsigane, documentaire et littéraire, professionnel et jeunesse.
Elle organise des manifestations culturelles.
Elle a un site d’informations tsiganes et pédagogiques : www.pageouverte.asso.fr
Elle avait le projet d’investir dans une « Tikni (petite) bibliothèque voyageuse », petit média-bus pour le transport et la mise à disposition des livres, pouvant servir de local d’apprentissage; elle a dû récemment y renoncer faute de pouvoir stationner sans risquer la fourrière et le procès-verbal.
La compétence acquise lui permet d’envisager de créer avec ses partenaires des outils pédagogiques transférables à d’autres lieux desservant des familles du voyage…
Sur l’aire de Nice, elle touchait 60 enfants et autant de parents (en 2011 : 114 bénéficiaires). En 2011, elle a assuré 200h de présence au public.
Les familles du voyage sont complètement acquises au travail des bénévoles de l’association qui sont attendus, accueillis, l’action menée est participative.
L’association est reconnue par les partenaires avec lesquels elle travaille : l’Union Française des Associations Tsiganes. l’Éducation nationale, en particulier le CASNAV (Centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage) la COPEC (Commission pour l’égalité des chances), le CNED (Centre national d’enseignement à distance); les participants au schéma départemental 06 , le Centre Ressources Illettrisme de Marseille, la Direction Régionale Jeunesse et Sports, l’Association Novatrice des Chênes Blancs (dissoute le 11 avril 2011), Rencontres Tsiganes, API Provence et la Fondation Abbé-Pierre, la Compagnie du Grain de Sable et le Hublot, le MRAP Nice-Grasse, Artisans du Monde, La Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale de Nice.
Financements
L’association a été soutenue en 2011 :
Le CG 06 a donné 3000€ pour l’achat de matériel d’activité; le remboursement des frais de déplacement et autres frais de fonctionnement.
La DRAC PACA soutient chaque année, à hauteur de 3000€, l’acquisition du fonds de livres qui parle du monde tsigane et de sa culture.
La Fondation Randstat avait alloué 2000€ d’investissement pour le media bus.
Les Fondations SFR/5000€, SNCF/2000€ ont été, elles aussi, présentes au titre de la prévention de l’illettrisme.
Le CR PACA s’est déclaré désireux d’intervenir financièrement cette année.
En revanche, la Cohésion sociale a refusé son aide, sollicitée dans le dispositif Réseau Parents 06 en compensation du fait que l’aire de Nice ne se trouve pas dans un périmètre de zone urbaine sensible.
La CAF conditionne son aide à l’accès (impossible) à la salle d’activités.
L’association a été accompagnée dans son projet, via la CLAIE, en Dispositif Local d’Accompagnement par LM Conseil.
Difficultés
Mais l’association est actuellement dans une situation délicate.
Depuis 2008, l’association sollicite, sans succès, l’autorisation d’abriter ses interventions bénévoles dans la salle d’activités qui se trouve sur l’aire d’accueil et qui n’est pas utilisée.
Ainsi, c’est la quatrième année scolaire que les bénévoles travaillent avec les enfants, dehors, sous les réverbères de l’aire en hiver, sous l’ombre portée des véhicules en été, dans une caravane privée lorsque la composition de la famille le permet, voire même sous la pluie, le groupe d’enfants serré, sous un parapluie, debout, devant le coffre de voiture ouvert, protégeant mal de l’eau l’album jeunesse lu à plusieurs hautes voix.
En juin 2011, le conseil municipal a répondu favorablement à une nouvelle demande de l’association pour ouvrir la salle à certaines heures précises. Le Maire signe la convention. La société privée refuse de la signer.
Exit le soutien de la municipalité.
Ce désaveu met en difficulté l’action menée. En effet :
Sans une solution au niveau du local, il semblait difficile de continuer très longtemps l’action, encore moins de la stabiliser, elle s’arrête.
Au niveau financier, l’absence de local prive l’association de l’accès au salariat : la CAF faisant d’un local la condition d’un financement pluriannuel –incluant une embauche- en tant que prestataire de service de sa mission d’animation socio-culturelle des aires d’accueil.
Au niveau des bénévoles, la difficulté du travail dehors, l’absence de perspective, ont découragé un certain nombre de personnes et celles qui restent vont avoir du mal à assurer les présences nécessaires, s’il n’y a pas de renouvellement.
L’association n’est pas restée sans rien faire.
Laurence Bart est une ancienne fonctionnaire territoriale et elle connait les rouages de l’administration. Elle a rédigé en 2011 27 dossiers de subvention. Elle est intervenue maintes fois auprès de la municipalité et des différents pouvoirs publics. Elle siège au schéma départemental sur la question des Gens du voyage qui se réunit sous l’autorité du Sous-préfet.
Mais tout ce travail administratif prend beaucoup de temps par rapport au travail sur le terrain et il use lorsqu’il s’oppose à des fins de non-recevoir ou à des refus répétés.
L’association se sent seule ; elle est demandeuse de contacts et d’actions communes.
Elle recherche, sans pour l’instant trouver, d’autres lieux d’interventions auprès de familles semi-nomades.