Retour sur POPMIND
Plus de 350 participants à Rouen pour ces rencontres Popmind initiées par l’UFISC et auquel le CAC a contribué sur le thème « Les droits fondamentaux en Europe, nouvelle ZAD Zone à Défendre ! »
Deux manières de revivre cet événement :
- Les interviews et émissions radios réalisés sur place au 106 de Rouen, ici.
- Et ci-dessous l’intéressant discours de bienvenu et d’introduction prononcé par Stéphanie Thomas, présidente de l’UFISC
« Mme la première adjointe à la culture, la jeunesse et la vie étudiante, monsieur le Directeur du 106, chers intervenants, chers toutes et tous qui ont fait le déplacement à Rouen pour ces 3 journées de travail collectif,
Il y a quelques jours, j’ai lu un article paru dans « le monde », je pense que vous voyez à peu près de quel journal je parle. L’article était commis par le directeur du service culture du Monde, et il faisait état d’un débat culture organisé dans le cadre du « grand débat » du gouvernement, il y a deux semaines aux Beaux Arts à Paris. Débat qui semble-t-il a rassemblé 400 personnalités du monde de la culture, et qui titre « « Si le mouvement des “gilets jaunes” a fait prendre conscience d’une fracture sociale, il y a aussi une fracture culturelle en France. »
Je vous passe le détail de l’article, ce qui m’a un poil titillée, c’est plutôt la conclusion du journaliste : les acteurs en présence (constitués si j’en crois l’article du gotha de la culture française) ont vite évacué la question de leur responsabilité dans le monde d’aujourd’hui, et la discussion organisée a surtout porté sur des demandes corporatistes, sans remise en question idéologique.
Voilà ce que les lecteurs du Monde auront sans doute retenu, en faisant un raccourci malheureusement très humain : les acteurs culturels veulent plus de sous, pour mieux continuer à faire la même chose. Chose que l’on pourrait nommer sous le terme de « démocratisation culturelle ».
Comment ne pas soupirer et rager, quand on s’échine depuis des mois à préparer un évènement comme POPMIND. Qu’on le construit, avec des acteurs tous différents, mais tous unis autour d’une pensée commune qui les pousse à s’interroger sur leur place dans le monde, sur la place des personnes dans leurs histoires, dans leurs territoires, bref qui tous les jours mettent en œuvre des projets cadrés par une perception intime des droits humains fondamentaux, au plus près des personnes.
Ces acteurs mêmes qui, en conscience des inégalités grandissantes, de l’extrême droitisation galopante des politiques des états européens, de la catastrophe écologique vers laquelle nous nous dirigeons inexorablement, clament l’égale dignité des personnes, s’emparent des droits culturels pour en faire le guide de leurs projets, inventent et imaginent chaque jour un monde plus juste, plus social, plus égalitaire pour toutes et tous.
Ces acteurs, de plus en plus invisibles, de plus en plus écrasés. Invisibles car l’interstice qui leur est laissé, et qui n’était déjà pas bien grand, se réduit de plus en plus : les associations se portent mal, le gouvernement actuel y contribue fortement en choisissant d’arrêter les contrats aidés sur lesquels beaucoup comptaient pour développer et consolider leurs activités ; les collectivités territoriales sont contraintes à faire des choix drastiques dans leurs politiques, la culture est souvent au dernier plan ; le ministère se recentre sur ses labels, et le gouvernement construit toujours plus d’outils en faveur de l’industrie.
Les valeurs qui sont les nôtres, et qui nous meuvent, organisations de l’UFISC et autres, ne sont pas « cool », pas « bankables », pas « startupiennes ». Nos projets ne fonctionnent pas au mérite, au meilleur, au mieux-disant. Nous sommes des résistants dans un système dominant, mais pourtant je suis persuadée que nous sommes aussi les porteurs d’un espoir immense. Et, contrairement à la généralisation des « acteurs culturels » que l’article pré-cité peut donner à lire, nous nous sentons responsables du monde dans lequel nous vivons, et tentons, au moins nous tentons, de le transformer vers du mieux.
C’est ce que nous allons explorer pendant ces 3 jours de POPMIND, et pas juste entre nous : nous pensons que la transversalité est une clé, nous avons sollicité pour travailler avec nous d’autres réseaux, d’autres mondes : l’économie sociale et solidaire, le champ du social, de la solidarité internationale, du numérique, de l’agriculture, du sport, des chercheurs, des économistes, des philosophes, des sociologues, des militants, des personnes impliquées, des citoyennes et citoyens, et des intervenants européens, pour qu’ensemble, nous co-construisions pendant ces 3 jours une proposition collective pour le monde demain, mus par l’envie et le devoir de défendre les droits humains fondamentaux ».